Historique de l’Ostéopathie aux USA

La Médecine Manuelle à toujours existée, comme nous le laisse penser les écrits des Chinois, Egyptiens, Grecs (Hippocrate), Romains (Galien), Persans (Avicenne au Xième siècle) et Juifs (Maimonide, médecin de Saladin à Cordoue au XIIème siècle).

Les fondateurs de l’Ostéopathie

Si l’ostéopathie est l’oeuvre d’Andrew Taylor Still, elle a connu au cours du temps, de nom-breux développements et améliorations.
Il nous semble important d’évoquer rapidement l’oeuvre des tout premiers pionniers, ceux qui ont orienté le destin de cette approche vers ce que nous connaissons aujourd’hui.

Andrew Taylor Still (1828-1917) , le fondateur

L’ostéopathie a été fondée par un médecin américain du siècle dernier : Andrew Taylor Still (1828-1917). Son père, pasteur méthodiste, pratique également la médecine. Le jeune Andrew apprend donc comme on le fait à cette époque dans l’Amérique des pionniers : en pratiquant avec son père, notamment auprès des indiens shawnee dont il a la charge.

Au cours de la Guerre de Sécession, il est marqué par son impuissance à soulager son semblable. A son retour, il découvre avec stupeur que dans les régions où les médecins sont moins nombreux, les enfants meurent moins. En 1865, il perd trois de ses enfants de méningite cérébro-spinale.

Dès lors, il est obsédé par l’idée de soigner plus efficacement et se plonge dans l’étude intensive du corps humain, n’hésitant pas à déterrer des corps des tumulus indiens pour en étudier l’anatomie. Il se promène souvent avec un sac rempli d’os, ce qui le fait passer pour un excentrique.

En 1874, il vit une expérience déterminante, parvenant à guérir un enfant atteint de dysenterie en n’utilisant que ses mains. Cette même année, il comprend tout à coup qu’il est sur le point d’élaborer une nouvelle approche médicale respectant les lois de la nature et de la vie et qui deviendra.l’Ostéopathie.

«Ma science ou ma découverte naquit au Kansas, à l’issue de multiples essais, réalisés à la frontière, alors que je combattais les idées pro-esclavagistes, les serpents et les blaireaux puis, plus tard, tout au long de la guerre de Sécession et jusqu’au 22 juin 1874.
Comme l’éclat d’un soleil, une vérité frappa mon esprit : par l’étude, la recherche et l’observation, j’approchais graduellement une science qui serait un grand bienfait pour le monde.» [1]

Jusque 1885, il exerce son art de manière itinérante et continue d’apprendre et d’engranger des expériences. Comme tout novateur, il rencontre de grandes difficultés et se heurte à l’ostracisme de ses confrères médecins et du clergé. Comme il parvient à guérir de nombreuses maladies, on le considère comme suppôt du diable. Il se forge malgré tout une renommée dépassant largement les frontières des états limitrophes et finit par être obnubilé par l’idée de transmettre son savoir.

En 1892, il fonde le premier collège d’ostéopathie à Kirksville dans le Missouri. Ses enfants et quelques proches sont ses premiers élèves. Entre 1892 et 1900, l’ostéopathie connaît un essor particulièrement impressionnant.

A partir de 1898, Still, vieillissant, se retire peu à peu de l’enseignement et de la pratique ostéopathique pour écrire afin de transmettre son message philosophique ostéopathique. Il écrit successivement : Autobiographie (1897), Philosophie de l’ostéopathie (1898), Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie (1902),Ostéopathie, recherche et pratique (1910).

Il meurt en 1917.

Le parcours d’Andrew Taylor Still

« La guérison est le retour à l’équilibre antérieur, momentanément perturbé par la maladie et auquel on doit parvenir de nouveau, non seulement par les ressources du corps, mais aussi par les facultés de l’esprit »

« Dieu », signifiait perfection et non imperfection (qui, elle, pouvait être compensée  par des drogues).

Still avait perdu 3 de ses enfants (durant la guerre de Sécession 1861-1864) de méningite, et avec eux toute la confiance en la thérapeutique médicale de l’époque :

Grâce à sa prose prolifique et à ses élèves,  Benjamin Rush (1746-181), médecin

et politicien actif,  domina l’enseignement et la pratique de la médecine  américaine de 1768 à 1850. Le système de Rush fut appelé « médecine héroïque » : saignement (jusqu’à l’inconscience) et purge (Calomel : dérivé mercuriel, utilisé aujourd’hui comme pesticide) 

L’ histoire de son mouvement médical est lié à son parcours personnel

Son père Abram Still prêcheur méthodiste itinérant était imprégné de la doctrine du « perfectionnisme ». Le fondateur de l’église méthodiste John Wesley, enseigna le salut comme une quête incessante vers la perfection et par un intérêt actif pour le bien être social et la moralité publique

Still a vécu la grande Ruée  vers l’Ouest.

Apprentissage des médecines populaires à base de plantes, de racines ou de

préparations botaniques des docteurs indiens locaux, dissection de cadavres.

Débute sa scolarité en étant ingénieur ; il appliquera sa connaissance des lois physiques, du génie mécanique et hydraulique avec celles de l’anatomie et la physiologie

Il vécut la seconde révolution industrielle, la guerre de Sécession et l’éveil scientifique du XIXème siècle.

Il a formulé sa science à partir de :

 

  • la phrénologie

Chaque faculté ou inclination a son siège sur une saillie cérébrale sur laquelle se moule la calotte crânienne (inspection des bosses du crâne)

  • le mesmérisme

Système de guérison fondé sur le magnétisme et l’hypnose.

  • le spiritualisme

Communication avec les esprits des morts.

  • du reboutement, de la mécanique et des concepts évolutionnistes

En 1874, il rompt avec la médecine orthodoxe.

Entre 1874 et 1892, rejeté par sa famille et par la société, tout habillé de noir, négligé, présentant l’image même de l’excentrique, il donne des conférences sur sa nouvelle science :

–      philosophie holistique et naturaliste qui met d’avantage l’accent sur la santé que sur la maladie.

–   délaissant les drogues, Still utilise la manipulation pour libérer le pouvoir de guérison de la nature.

création de son cabinet en mars 1885 à Kirksville (Missouri): «guérisseur et magnétiseur »

Ouverture à l’automne 1892 à Kirksville de la première école d’Ostéopathie

1905 : Condamnations et fermetures de cabinets d’Ostéopathie (rapport Flexner) rejetées par l’opinion publique puis par Roosevelt.

Décès en 1917 son  dernier message à la profession était : «Gardez la pure, garçons, gardez la pure ! ».

John Martin Littlejohn (1865-1947) , le continuateur

D‘origine écossaise, John-Martin Littlejohn (1865-1947) reçoit une formation universitaire dans les domaines de la théologie, des lettres et de la médecine. Il émigre aux USA en 1892 et y termine ses études de médecine. Il vient consulter A. T. Still à Kirksville en 1892 pour des problèmes de santé chroniques et il est tellement émerveillé par le concept et la technique ostéopathiques, qu’il décide de devenir ostéopathe.

Il suit la formation au collège de Kirksville, tout en y donnant des cours de physiologie. Passionné de science, il se heurte bientôt à Still, que les expériences douloureuses passées avec la médecine de son temps rend très réticent à intégrer les progrès de la médecine scientifique naissante.

En 1898 il publie Lecture Notes on Physiology, en 89 Lecture Notes on Psycho-physiology. En 1900, il quitte Kirksville pour Chicago et fonde avec ses deux frères l’American College of Osteopathy, Medicine and Surgery. Cette même année, il publie Journal of the Science of Osteopathy, et Notes on the Principles of Osteopathy. En 1907, il rassemble ses cours et articles dans deux livres, Principles of Osteopathy, Theory and Practice of Osteopathy.

En 1913, il rentre en Europe et s’installe en Angleterre, projetant d’y créer une école d’ostéopathie. A cause de la Première Guerre Mondiale, ce projet ne prend forme qu’en 1917, avec la création de la British School of Osteopathy (BSO). Cette école est l’origine de tout un courant ostéopathique européen.

John Littlejohn a poursuivi l’œuvre de Still, utilisant les éléments apportés par le développement des sciences de base de la santé et de la médecine scientifique. Il a beaucoup insisté sur la relation de l’organisme vivant avec son milieu, affirmant que la santé est essentiellement la conséquence de l’harmonie de cette relation.

« Le grand principe de l’ajustement s’applique à la relation entre l’organisme en tant que tout et son environnement. Rien de ce qui est amené au système de l’extérieur ne peut remplacer l’autosuffisance de l’organisme dont la capacité à se restaurer, se réparer ou à accepter l’apport de matériaux bruts est déficiente.»[1]

Il a particulièrement étudié les relations existant entre les différents niveaux de la colonne vertébrale et les organes du corps, ainsi que l’adaptation de l’homme à la verticalité.