Les causes et le traitement du syndrome soutien-gorge

Les muscles sus-épineux, trapèzes ou deltoïdes sont parfois comprimés entre l’épine de l’omoplate et une bretelle de soutien-gorge.

Ces anoxies et ces cisaillements, aggravés par les mouvements de l’épaule et le poids des seins, masquent souvent les douleurs locales sans empêcher leurs complications : céphalées, douleurs du rachis, atteintes acromio-claviculaires, troubles psychologiques, etc.

La médecine manuelle, à orientation ostéopathie, facilite la prise en charge de ces pathologies et prévient leurs récidives.

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Comment votre soutien-gorge peut vous rendre malade?

Les vêtements reflètent les progrès technologiques et la place de chacun dans la société.

En 1912 madame Coco Chanel, remplace les corsets, contraignants et coûteux, par des améliorateurs de poitrines créés en Angleterre dès 1886 et perfectionnés par madame Herminie Cadolle en 1889.

Ils prendront le nom de soutiens-gorges vers 1923.

Les exigences pratiques, les besoins de liberté, l’industrialisation et l’émancipation des femmes ont certainement contribué à cette innovation et à sa démocratisation.

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Hélas, les bretelles de certains modèles compriment les tissus situés au dessus l’épine de l’omoplate.

En incurvant vers le bas le trapèze, le supra-épineux (sus-épineux) et le deltoïde, elles réduisent leur innervation et leur vascularisation, sans respecter les angles d’insertion de leurs fibres musculaires.

Cette ischémie et cette dénervation s’installent à bas bruit, d’où peu de douleurs spontanées, de rares micro-calcifications locales et de constantes douleurs téno-périostées révélées en raclant les insertions de ces muscles.

Ces muscles positionnent et mobilisent les cervicales, le crâne, la clavicule, l’omoplate, l’humérus…

Au départ, l’élasticité et la faible consommation d’énergie des tendons limitent les contraintes dues à ces compressions.

Plus tard, le faible pouvoir cicatrisant des tendinopathies explique des symptômes rencontrés.

Toutefois, l’examen clinique peut paraître normal s’il est imparfaitement réalisé.

Ces compressions excessives se compliquent parfois de douleurs ou de fourmillements de l’épaule et des membres supérieurs, de rachialgies parfois localisées, de céphalées, d’une fatigabilité, de troubles psychologiques, etc.

Elles sont favorisées par les seins lourds, la ptôse mammaire, la ménopause, les bretelles étroites des soutiens-gorges, la répétitivité des gestes, la rigidité d’une boucle de fixation compressive, les charges lourdes et par l’utilisation intensive de ces muscles lors de certains gestes: sport, lavage de vitres, lever ses épaules en inspirant, etc.

Tableau clinique de base

Purement scapulaires et s’installant à bas bruit, ces douleurs sont rarement signalées par les patientes.

Le praticien averti y pense devant une silhouette évocatrice.

Il cherche les facteurs favorisants comme la profession (femme de ménage), les gestes sportifs (le service au tennis), l’obésité, un terrain de fibromyalgie, de spasmophilie, etc.

Au début, il trouve surtout les pertes de la force musculaire qui n’affectent parfois que certains angles de la mobilité.

Il dépiste rarement une rupture musculaire. Il révèle parfois des douleurs régionales d’allure mécanique. Avec le temps elles se pérennisent souvent toute la journée.

Leur persistance la nuit évoque une hernie discale.

Toujours réalisée la patiente torse nu, outre la forme des seins et leur tenu, elle relève les positions antalgiques, les fréquentes irritations cutanées locales, et surtout un sillon creusé par la bretelle dans le trapèze et dans la panicule adipeuse sous cutané.

Plus rarement elle note une atrophie de la fosse sus épineuse ou une synchronisation abusive entre la respiration et les trapèzes ou les muscles rachidiens.

Elle localise les points gâchettes, les douleurs, les tendinalgies, les contractures, les dermalgies et les atrophies dues à la compression.

Parfois, le grattage de l’épine découvre un cristal de la taille d’un grain de riz.

Hyperalgique, elle témoigne de l’ancienneté de l’hypoxie qui inhibe la contraction musculaire, et/ou qui masque les douleurs.

En remontant les cordons les plus myalgiques, elle arrive aux muscles comprimés par la bretelle de soutien-gorge.

Elle détermine les mobilisations et les rééducations nécessaires.

Elle peut se cumuler avec un massage qui libère les amplitudes des mobilités articulaires.

Parfois douloureuse, cette recherche se fera classiquement.

Ces amplitudes demeurent normales dans ce tableau clinique qui suppose l’absence d’extension à l’épaule ou au rachis.

Les répercussions de la compression sur l’acromio-claviculaire, sur l’omo-humérale et sur le rachis dépendent des faisceaux lésés. Quand les lésions n’affectent qu’une partie du trapèze, les tests actifs devront être focalisés par une mobilisation qui allonge les fibres comprimées. Il faudra pour cela recruter l’autre extrémité des fibres en cumulant, sur la cervicale correspondante, la rotation, les flexions et les translations.

L’atteinte totale du trapèze affecte l’élévation de l’épaule.

Les parésies, les atrophies et les ruptures totales ou partielles de certains muscles ne sont pas rares.

Le test de Job garde sa sensibilité pour évaluer le sus-épineux. Le deltoïde participe à l’abduction et à la rotation de l’épaule, son évaluation nécessite une focalisation.

Ces manœuvres seront réalisées à droite et à gauche, avec et sans soutien-gorge.

Le reste du bilan sera orienté en fonction des résultats obtenus, il pistera les complications et il nécessite parfois un bilan radiologique, voire une IRM.

Un test thérapeutique s’impose quand sont suspectées des complications telles un dérangement intervertébral mineur, une sciatique, un vertige, une épicondylite, une périarthrite scapulo-humérale, une déprime, etc.

Dans notre pratique quotidienne ce syndrome se complique volontiers de D.I.M, et parfois d’une modification des mobilités , de compensations par les synergiques et les antagonistes, de la diffusion de l’inflammation au niveau local puis général, etc.

Certaines de ces complications s’imbriquent dans des spirales infernales en aggravant la compression par les bretelles de soutiens-gorges.

Dès lors, seul le traitement de toutes les étapes de ces cercles vicieux, et la restauration des capacités d’auto guérison de l’organisme permettent de guérir certaines patientes.

Traitement du Syndrome soutien-gorge

L’éviction temporaire ou définitive des soutiens-gorges étant mal acceptée, il consiste surtout à supprimer les boucles de fixation en matériaux durs situés en regard de l’épine de l’omoplate.

Sinon il préconise des soutiens-gorges à bretelles larges ou croisées pour modifier les contraintes locales et, à défaut, il invite à mettre sous la bretelle une épaulette en mousse épaisse afin de répartir les appuis.

Elle sera fixée aux bretelles grâce à deux bandelettes de Velcro.

En outre, il s’avère intéressant de compléter ces mesures par un traitement local, à distance voire général.

Nous utilisons volontiers les manipulations cervicales associées à de la rééducation et surtout une mobilisation acromio-claviculaire bras au zénith avec décoaptation omo-humérale. La chirurgie de réduction mammaire reste parfois inévitable, elle donne de bons résultats.

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Le diagnostic et le traitement de ce syndrome se compliquent quand l’organisme s’adapte et/ou s’il modifie ses arcs réflexes, ses chaînes musculaires, etc. Tous ces facteurs aggravants et propagateurs aident au diagnostic et à la thérapeutique car la douleur augmente si l’examinateur se rapproche de la lésion initiale.

Article rédigé par Dr. Bernard Rosa,

Diplômé en médecine manuelle ostéopathie

Membre de la SFO et de la SOFMMOO